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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 10:16

Disparition. Le célèbre photographe Willy Ronis s’est éteint samedi à Paris, à quatre-vingt-dix-neuf ans. Il était notre ami.

C’était voilà tout juste trois ans. Willy Ronis était honoré au stand des Amis de l’Huma, à la Fête. Martine Franck, veuve d’Henri Cartier-Bresson, Guy Le Querrec, son pote de Magnum, Marc Riboud, mais aussi Régis Debray, Ernest Pignon-Ernest, Michel Onfray le fêtaient, l’entouraient. Vieille connaissance, la présidente des Amis, l’écrivaine Edmonde Charles-Roux, racontait comment, alors qu’elle était jeune rédactrice en chef de Vogue, elle lui avait, comme le père de Marie-Claude Vaillant-Couturier, Lucien Vogel, passé une commande de mode. Une facette peu connue du travail de Willy…

les Retrouvailles avec Suzanne

Mais le clou de la soirée, c’était les retrouvailles de Willy et de Suzanne Trompette, la petite fille de sept ans qu’il avait photographiée, poing levé, en bonnet phrygien, juchée sur les épaules de son père, Félix Gilles, cheminot communiste, défilant le 14 juillet 1936, rue Saint-Antoine, à Paris. Devenue septuagénaire, Suzanne avait mis deux ans pour remonter jusqu’au fameux auteur de cette image. Généreux membre fondateur, Willy l’avait offerte aux Amis de l’Humanité qui en avaient fait un poster, toujours en vente. Ce soir-là, Suzanne n’en revenait pas d’entrer dans le cercle ému de la quarantaine d’anonymes qui, immortalisés par Willy, ont eu la chance de le retrouver. Sans doute ignorait-elle combien important était ce cliché pour le photographe : vendu par son frère, en petit format, un mois après l’événement, à notre journal, il ouvrait à Willy les portes de sa carrière professionnelle.

Chez lui, près de la Nation

Remettons-nous un instant dans le contexte : sans la presse progressiste, sociale, syndicale, de gauche, qui s’épanouissait alors, notamment à travers le photoreportage dans les usines en luttes et dans les pays où l’on ne voyageait encore guère, sans des événements aussi marquants que le Front populaire dont il fut LE photographe, Willy Ronis n’aurait pas pu mener la carrière formidable qui fut la sienne, au four et au moulin des luttes sociales, mais aussi à l’affût du Paris des quartiers populaires, de Belleville à Ménilmontant. Il parlait de « ces années fabuleuses ». « Notre aspiration à la liberté était assouvie grâce à l’éclosion de la presse illustrée, réponse à l’appétit croissant du public pour l’image », confiait-il, l’oeil pétillant, un jour où, au 8e étage de son immeuble, proche de la rue de Lagny, près de la Nation, il revenait sur ses soixante-quinze ans de carrière en dévoilant ses planches-contacts tirées par lui et classées par thèmes. Là, on réalisait vraiment combien imprévisibles étaient ses photos prises sur le vif, l’incertitude qui précédait le développement, en ces temps argentiques, mais aussi le bonheur de pouvoir photographier la foule, la rue, sans avoir à se soucier du droit à l’image !

un mot d’ordre : l’Hymne à la joie

Willy Ronis adorait la nature, la marche, la musique et le génie du peuple. Il ressemblait à ses photos, toujours en quête de bonheur, malgré des deuils sans fin, toujours dans un sentiment d’extrême fraternité pour les humbles, « ceux que la France d’en haut appelait les salopards en casquette ». Lui, son préjugé de départ était toujours favorable. Edmonde Charles-Roux parlant, à son propos, d’« hymne à la joie », évoquait son talent pour capter « le grand bonheur public d’une population qui reçoit pour la première fois la vérité des vacances ».

Sur les cimaises, cet élan vers l’autre était à tout casser. Le photographe n’hésitait pas à recadrer ses images autour d’un personnage central qui avait attiré son attention et qu’il enveloppait de chaleur et de sympathie, même si ce dernier, souvent filmé de trois quarts ou de dos, ne regardait presque jamais frontalement l’objectif.

Le dernier de sa génération

Après la mort de Doisneau, puis celle de Cartier-Bresson, il restait le dernier de cette génération. Ils l’avaient éclipsé longtemps mais le processus de sa reconnaissance, tardivement déclenché, finalement, s’emballait. Sa singularité, ce fameux attachement aux petites gens, le fait de n’avoir jamais trahi ses valeurs, ses engagements, inspiraient l’admiration. « Je vais à la rencontre des gens qui me ressemblent et le miroir que mes images leur tendent est le même où moi-même je me regarde », expliquait-il. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il était étiqueté « photographe humaniste », ce cueilleur de hasards parlait de sa « marche à petits pas vers une représentation poétique du bonheur modeste ».

« ne jamais accepter L’inacceptable »

Du coup, il ne cessait d’exposer, de publier, de vendre… jusqu’à Tokyo. Portfolios, prix et dithyrambes se consacraient désormais volontiers au « plus grand photographe vivant du XXe siècle », qui eut droit, entre autres, à deux rétrospectives qui feront date : celle de la Mairie de Paris, pour laquelle il eut tant le trac, puis, l’été dernier, celle d’Arles, où il fit sensation, entre deux dialyses, dans son fauteuil roulant portant le dossard DR (slogan de la profession en lutte contre la publication d’images gratuites). Faisant référence à sa traversée du désert (voir sa bio), il disait : « Il ne faut jamais accepter l’inacceptable. J’ai peut-être payé cher, mais au moins, je suis tranquille avec moi-même. »

Samedi, on était donc choqué, peiné, de découvrir que c’était Stéphane Ledoux, le patron d’Eyedea, qui, pour l’agence Rapho, rendait hommage à cet homme, tout de dignité et d’engagement, qui a fait don de toute son oeuvre à l’État pour qu’elle ne parte pas à l’étranger. Le financier, fossoyeur de l’agence Gamma, vantant les mérites de Willy, fallait le faire !

Source : l'Humanité, Magali Jauffret

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